Quand j'étais étudiant en DEUG MIAS, j'ai eu des cours passionnants comme la thermodynamique.
Bon, en fait, je suis un menteur, certains de ces cours ne m'ont jamais passionné, j'y ai même eu les notes les plus calamiteuses de toute ma vie en partiels. Néanmoins, j'ai pu voir la différence entre effort continu et régulier (j'apprends toute l'année) et effort brutal (j'apprends à l'arrache avant les partiels).

Tout cela me ramène à mon métier d'intégrateur et à sa veille permanente parfois angoissante pour les débutants. La course à la puissance effrénée que se mènent certains à grands renforts d'articles toujours à la pointe de la dernière API – absolument inutilisable en production – ou de je-ne-sais-quelle-méthode-à-la-mode ne doit pas vous détourner du seul vrai sens de cet amoncellement de connaissance doit vous apporter : l'outil, la seule bonne chose sur laquelle miser, c'est votre cerveau, votre expérience, votre savoir-faire, vos connaissances, bref : vous.
Ne misez sur un outil que si ce dernier vous permet de magnifier vos connaissances… ou le cas échéant s'il vous libère beaucoup de temps pour le faire.
Si comme moi vous adorez lire des tonnes de bouquins et en partager la lecture, j'insiste : faites-le pour votre bon plaisir, et donnez-vous le temps pour les digérer… ou en tirer la substantifique moelle comme dirait ce bon vieux Rabelais.
Pourquoi ce propos ?
Je constate que les débutants ont tendance à se focaliser sur la pure technique et surtout sur l'amoncellement de cette dernière. Connaître énormément de technique, dans le métier d'intégrateur, c'est très bien, ça, je ne vais pas dire le contraire ! Néanmoins bouffer de la technique pour en bouffer sans avoir pris le temps de la digérer, d'en comprendre les enjeux, d'en connaître les implications, c'est autant suicidaire que de ne pas faire de veille technologique.
Je peux vous en donner un exemple avec ma propre personne : un des derniers ajouts sur mon framework CSS RÖCSSTI est la possibilité d'utiliser le positionnement tabulaire. J'aurais pu l'ajouter il y a très longtemps sans chercher plus loin : hop, un copier/coller depuis KNACSS et on n'en parlait plus. Seulement, je le dis tout net : même si ce positionnement a énormément d'avantages, je ne m'en servais que très peu.
Le premier – mauvais – réflexe ayant déjà été évité (pomper bêtement sans utiliser), j'aurais également pu me précipiter directement dans le second : me dire « puisque Untel l'utilise, alors je vais en faire de même, sans chercher plus loin » (utiliser bêtement sans mesurer).
Non, non, cent fois non. Ce n'est pas parce que Untel dit cela que ça a force de vérité absolue. C'est sûrement intéressant (tout est intéressant dans notre métier, surtout si vous suivez quelques bonnes personnes sur Twitter par exemple), et donc digne d'intérêt. De là à y aller les yeux fermés, non. N'oubliez jamais que les paroles d'une personne sont assujetties à un contexte ! Coquin de sort : on a tendance à croire que ce contexte est absent parce que les articles assomment le lecteur avec des formes affirmatives en mode enclume (les articles anglophones sont très forts à ce jeu).
Or c'est bien évidemment faux : la pratique vous apprendra à voir quels choix faire à quels moments. D'où l'intérêt de faire beaucoup de pratique.
Selon moi, le bon réflexe est de savoir prendre son temps : si vous pratiquez suffisamment, vous allez avoir un cas où cette connaissance stockée dans votre crâne va montrer son utilité. Pour reprendre mon exemple avec RÖCSSTI, j'ai récemment eu le cas où le positionnement tabulaire résolvait un problème auquel j'étais confronté, et plaisir suprême, il ne rentrait pas en contradiction avec les autres navigateurs – IE7 principalement – pour permettre l'affichage correct (ce dernier ayant eu un fix via une classe conditionnelle, que vous pouvez d'ailleurs retrouver dans RÖCSSTI).
D'expérience, il suffit en général de se poser la question « quand vais-je bien pouvoir utiliser ce truc ? » pour que la pratique se charge de vous offrir un exemple sur un plateau d'argent ! Donc ne vous affolez pas de ne pas utiliser le dernier truc à la mode, cela viendra.
Au début, on s'amuse, mais on commence aussi très vite à tomber sur les premiers sites regroupant les bonnes pratiques où encore à suivre les experts reconnus dans chacun de leurs domaines sur le web. À ce moment-là, on balai en général tout ce que l'on sait pour repartir à zéro, en apprenant des concepts un peu plus avancés voir en redécouvrant totalement certains langages (ça a été le cas pour CSS).
Lancé avec un profil développeur, je n'ai pas pu m'empêcher de dériver vers d'autres disciplines comme le SEO/SEA, l'UX, l'accessibilité, les performances web, le marketing, l'administration système ou encore le design.
À ce moment, j'essayais de comprendre absolument tout ce que je lisais dans les blogs ou les livres et je me suis très vite rendu compte que ça n'était pas possible, l'assimilation des connaissances n'étant pas aisée lorsque l'on s'intéresse à beaucoup (trop) de choses. Ça peut paraître frustrant au début, mais le mieux à faire est effectivement de se cantonner à la lecture de l'article en question, quitte à ne pas y comprendre grand-chose. C'est en général suffisant, car au moment où le cas pratique se présentera, on se souviendra alors vaguement d'être tombé sur un post traitant du sujet et c'est à ce moment-là que les choses deviendront plus claires.
Comme tu le dis si bien, à partir du moment où on laisse tomber les derniers trucs à la mode pour se concentrer sur l'essence même de la discipline ou du langage, la capacité d'apprentissage est en général décuplée et le reste suit tout seul.
Par exemple, apprendre à utiliser le dernier Twitter Bootstrap vous cantonnera à sa seule utilisation tandis que réapprendre réellement le CSS, quitte à développer son propre framework vous permettra par la suite d'appréhender n'importe lequel d'entre eux.