Au hasard de mes pérégrinations, j'ai pu lire récemment un article très sympathique sur le magazine du Train de 13H37 intitulé Aide-toi, le Web t'aidera. Marie Guillaumet y relate avec humour les « petits » coups de panique qui nous prennent dans le métier.
Une phrase m'a frappé : […] autant de phrases démotivantes qu’auront reconnues ceux parmi vous qui, comme moi, sont atteints du syndrome de l’imposteur
.
J'entends régulièrement des remarques sur le sujet :
- Le syndrome de l'imposteur, c'est de la fausse modestie !
- Mais arrête de flipper, on y arrive toujours !
- Toi ? Mais avec tout ce que tu sais, tu es une encyclopédie vivante !
- Etc.
Hé bien, je peux vous assurer qu'après environ dix ans de métier, certes ces gros coups de peur sont moins fréquents (heureusement, on sait plus de choses), mais ils n'en sont pas moins inexistants. Ils sont plus insidieux, par exemple :
- quand on vous demande quelque chose de non maîtrisé dans un temps très court,
- quand on vous livre en bloc deux kilos de paperasse en vous disant « tiens, débrouille-toi, y a tout ce qu'il faut »,
- quand vous partez en formation et que vous savez qu'il va falloir assurer,
- quand vous êtes lancé en public sur un sujet, comme une conférence, et que vous savez que certaines personnes dans la salle sont plus calées que vous sur le sujet,
- Etc.
Personnellement, j'écris pour des sites comme OpenWeb ou Alsacréations, cela m'aide beaucoup à progresser, et je me dis que si ça peut en plus rendre service à d'autres personnes, tout le monde est content. Par contre, ça n'a jamais fait disparaitre ce syndrome, et c'est très bien. Les conférences sont encore pire de ce côté, ce syndrome y est plus fort que jamais.
Même si certains pourront dire que ce syndrome de l'imposteur est de la foutaise ou ne sert pas la personne qui en est atteinte, je trouve au contraire que c'est un excellent signe de vitalité et d'humilité de notre métier. Personnellement, je remarque que plus j'apprends de choses, plus je rends compte de la quantité de choses que j'ignore encore. Évidemment, un débutant pourrait me prendre pour un fou en comparant son expérience et la mienne. C'est d'ailleurs quand j'explique quelque chose à un débutant que je me rends compte que je connais quand même des choses, mais surement pas quand je donne une conférence ou quand j'écris un article.
En tout cas, j'ai une certitude : le syndrome de l'imposteur montre qu'il est possible d'avoir des convictions et de se mouiller pour un sujet sans pour autant être dépourvu d'humilité ou d'auto-critique. Et ça, c'est excellent pour faire avancer le Web.