Un soir, une maison, un couple ordinaire.
– « Je veux vivre » dit un mari à sa femme, qui le regarde.
Vous savez qu'une année va être particulière quand elle commence comme ça. Et ce « ça », c'est ce que moi, un homme, jeune papa, j'ai dit à ma femme… quand on m'a annoncé un cancer.
Sans peur, car cela ne servait à rien tant que je n'en savais pas plus, sans excès de confiance non plus. Sans culpabilité, sans rien. Juste un vœu.
Le plus étrange, quand vous prononcez le mot cancer, c'est la réaction des gens. Ils s'excitent, projettent et curieusement, je me retrouve à gérer leurs peurs. C'est pas de leur faute, mais c'est curieux quand on y pense : normalement, c'était à moi d'avoir peur, pas à eux (?). Après, on m'a dit que je ne réagissais pas comme tout le monde, que je prenais ça incroyablement bien. Les gens « normaux » s'effondrent, paraît-il. Je me dis que c'est dû au produit de contraste du scanner, ça a dû me transformer en X-Men, car je vois pas en quoi je ne serais pas « normal », à l'instar d'un certain président.
Mon expérience de cela étant limitée, je vais le croire sur parole, vu que j'ai l'air de me démerder pas mal. D'ailleurs, j'en suis guéri jusqu'à nouvel ordre.
Je lance un appel, au nom de ceux qui gèrent cela moins bien : donnez du soutien, une présence, ce que vous voulez, c'est bien… mais gardez vos peurs. Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour eux.
Et finalement, cette convalescence légère aura été bénéfique pour mes yeux, enfin, indirectement. Vu que mes yeux fatiguent vite quand les contrastes sont insuffisants, j'ai pu faire des recherches et écrire un bel article en début d'année pour un site nommé OpenWeb sur les contrastes de textes. J'ai participé modestement à une traduction d'un appel qui me semblait important à propos d'une histoire de préfixes.
Après la convalescence revient le travail. C'est un plaisir, vu que j'adore mon travail. Et cette année, je me suis dit, allez, j'envoie quelques propositions de sujets à des conférences, pour l'amusement. Hormis Paris Web 2011 et Chambé-Carnet sur l'accessibilité, les deux en spectateur, je n'en avais fait aucune jusqu'à présent.
Au final, je me retrouve pris dans le tourbillon de ma passion :
- La Conférence Romande sur l'Accessibilité du Web, qui sera la seule où je serai uniquement en simple spectateur !
- La Kiwi partÿ et une présentation sur jQuery Mobile,
- Sud Web et un petit speech sur le web ouvert et cette histoire de préfixes,
- Chambé-Carnet à propos du web mobile,
- Et le grand chelem, 4 minutes à Paris Web. Une discussion éclair en bon français.
À chaque fois, l'adrénaline de parler devant un auditoire, l'occasion de rencontrer des gens biens, passionnés, d'ailleurs, je retrouve plusieurs fois des visages connus, et j'en apprécie de nouveaux. Ce petit monde du Web bien fait me fascine. Nous nous connaissons plus ou moins tous.
Chose qui me ravit, OpenWeb a pris un nouveau départ grâce à l'élaboratoire de Sud Web. J'ai toujours été passionné par cette idée du web, ou devrais-je dire cet idéal, que je trouve magnifiquement incarné par ce site. « Bien faire le Web », en quatre mots je résume mon attrait pour le Web. Ce sont des valeurs, une motivation, un travail bien fait, une qualité, un plaisir. Sans aucun angélisme.
D'ailleurs, j'ai retrouvé bon nombre de ces gens passionnés et passionnants. L'édition 2011 de Paris Web m'avait déjà beaucoup plu, cette édition 2012 est du même acabit. De nouveaux visages à ajouter à cette fresque. Ce lightning talk qui m'a bien fait accélérer le rythme cardiaque (j'y reviendrai dans un autre billet). Cette surprise d'un titre de co-directeur du projet OpenWeb.
Hors du temps, avec cette année mouvementée, j'ai eu l'impression de ne pas tourner à la même vitesse, c'est pourquoi ce Paris Web a été étonnamment plus intimiste pour moi.
On dit que chaque personne a son histoire ou son anecdote à Paris-Web. C'était la mienne, c'était mon année 2012.
Et encore, elle n'est pas finie. Des articles, un RÖCSSTI qui va changer une fois de plus la façon dont j'aborde mon métier, des idées, des projets, encore des idées, et OpenWeb plus qu'hier moins que demain.
Je veux vivre, disais-je en début d'année.
Je vis.
Bien.
Pour le reste, je te conseille, si ce n'est déjà fait, d'écouter en boucle L'Envie de Johnny Hallyday : « Qu'on me donne l'envie ! L'envie d'avoir envie… »
Sur ce, prêt à tenter de nouveau le grand chelem en 2013 ?