Le métier d'intégrateur web a bien évolué en cette année 2017.
Contrairement à ce que certains annonçaient, 2012 n'a pas été la fin du monde. Reconnaissons à Firefox, qui est dans le quatuor de tête des navigateurs actuellement à 35% de parts de marché d'avoir relancé une saine guerre des navigateurs il y a presque 15 ans, guerre qui a amené le web à continuer d'évoluer.
Safari 9, Firefox 64.1, Chrome 85.0 et Opéra 17 ont tous bien évolué, les techniques d'HTML6 et CSS4 sont quasiment toutes implémentées, le test Acid 5 commence à bien être respecté. Jquery 3.5 a permis de fantastiques progrès et a réussi à devenir le framework javascript par excellence là où Prototype a échoué. Les Sense-Queries ont permis de franchir avec succès des problèmes d'accessibilité de plus en plus compliqués.
Il faut dire que Firefox a gardé ses utilisateurs, la Mozilla Fondation a été un des principaux acteurs de la neutralité du net... durant la guerre des géants. Apple bien qu'ayant eu une sévère dégringolade boursière (une entreprise ne peut pas valoir 10 fois sa valeur réelle en bourse) a survécu. Google a fort heureusement continué d'innover, même s'il a un peu inquiété le monde il y a 10 ans. Heureusement, ce dernier a été (comme la Mozilla Fondation) signataire de la Déclaration Universelle de Neutralité du Net, ce qui a permis de clarifier et de garder l'idée générale des pionniers libristes. Apple a suivi. Microsoft également. Les droits privés ont enfin gagné une guerre avec cet acte historique.
Internet Explorer 13 (encore en bêta) a suivi le pas de son prédécesseur et supporte les nouveaux standards, même s'il n'est pas parfait, il a bien rattrapé son retard.
Les expérimentateurs à temps perdu ont étonnamment changé : avec les nouvelles propriétés permettant les lueurs internes, l'application de textures, les intégrateurs sont devenus des intégrateurs d'effets en natif. On aperçoit des expérimentations assez étonnantes... il faut dire que le PNG-z permet des effets à 3 dimensions, l'expression naviguer sur un site a pris tout son sens... curieusement, après la folie des débuts d'HTML6 où un peu tout et n'importe quoi a été fait, les effets de 3 dimensions sont surtout utilisés pour donner une profondeur aux sites... la grande mode étant un effet délicieusement rétro de scrolling comme sur les antiquités de consoles 16 bits.
Par contre, ceux qui dérouillent... ce sont les intégrateurs professionnels. Encore deux de mes amis ont abandonné ce métier, devenu proprement ingérable.
Autant les expérimentateurs du Dimanche s'éclatent avec les nouvelles possibilités, autant les personnes dont c'est le métier... ont bien souffert. Il faut dire que les cahiers des charges donnent le tournis.
Imaginez un peu : à l'ère du PNG-z, nos clients sont littéralement devenus fous, ils nous imposent de supporter des navigateurs antédiluviens. Déjà je me souviens que mes premières prises de tête avec Internet Explorer 6 (fort heureusement disparu en 2013) étaient pas tristes il y a 15 ans... mais là, on frôle la folie. Ces derniers craignent tellement de ne pas respecter la DUNN et d'être montrés du doigt.
Vous vous imaginez : on nous demande de nouveaux effets, la complexité va croissant, et... l'on doit toujours supporter Internet Explorer 7. Je veux bien croire que le crack boursier de 2014 a incité certaines entreprises à ne pas faire évoluer leur parc informatique... mais quand même, il y a des limites à la bêtise.
Les développements sont devenus impossibles :
- Sur un projet développé en 7 jours, on doit rajouter 14 jours pour le faire fonctionner sur Internet Explorer 7.
- Des développeurs se sont spécialisés dans ce domaine... on les surnomme les patcheurs. Le taux de suicide chez ces derniers est vraiment inquiétant. Il faut dire que les personnes ayant suivi le développement du net depuis le début... se sont fait rares.
- D'ailleurs, certaines sociétés se sont spécialisées là-dedans... et sortent des bibliothèques correctives à tour de bras.
Et encore, ça n'est pas le pire. Imaginez : développer un site pour les navigateurs modernes est resté quelque chose d'étonnamment simple grâce à Jquery 3.5... mais on nous impose de faire fonctionner cela sur Internet Explorer 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 ! Les moteurs de rendus étant tous très différents, le temps et la complexité du patchage est proprement épouvantable... allez faire fonctionner un PNG-z sur un navigateur n'arrivant déjà pas à rendre correctement nos vieux PNG24.
Il avait bien été tenté de faire passer une loi stipulant que seules les 3 dernières versions d'Internet Explorer devaient être supportées, mais les grands comptes et certains lobbies qui ne comprennent pas les enjeux ont fait échouer cette loi capitale. Le concept de dégradation élégante a malheureusement été interdit pour tout site d'entreprise.
Une mode a d'ailleurs émergé... le retro-siting, les sites à l'ancienne si vous préférez. On retrouve des sites comme ceux de la grande époque de XHTML 1 Strict... belle époque s'il en est. On appelle ces créateurs des sitosaures... c'est dire l'ironie du sort.
Cette mode cache un problème terrible : quand va-t-on pouvoir laisser le web évoluer à son rythme ? Les vieux d'ailleurs disent en souriant que de leur temps, adapter un site à la plupart des navigateurs était une discipline à la portée d'un être humain. Comment a-t-on pu en arriver à une telle dichotomie : les amateurs s'éclatent comme des gosses, et les professionnels souffrent le martyre. Je ne pense pas que le web peut continuer ainsi... on parle d'ailleurs de web bipolaire.
Je vous laisse, encore un enterrement d'un intégrateur...
P.S : ce délire n'est qu'une simple exagération d'une situation... mais j'espère qu'il vous aura fait sourire... et donné à réfléchir.
EDIT : Geoffrey Dorme a une vision du HTML11 assez amusante dans un autre genre !
Ca m'a donné pas mal d'idées ! Surtout des raisons pour que ce ne se passe pas comme tu le dis. Mais j'avoue que la guerre des navigateurs à booster le web, au détriment de l'intégrateur qui est entre l'usage réel et le théorique des norme !
1. L'HTML et le CSS en ébullition aujourd'hui, et demain ?
Mais je ne pense pas que les choses vont continuer à s'accélérer sans cesse ! Je pense qu'on est dans une phase où le métier d'intégrateur change radicalement car les brouillons des normes HTML5 et CSS3 sont sortis pratiquement en même temps et avec pas mal de contenu. Ces normes vont demander du temps pour être finalisées. La date de fin prévue pour l'HTML5 serait 2022.
2. Les normes, terre sacrée de la guerre des navigateurs
Certe les navigateurs ne vont pas arrêter de se faire la course. Mais je ne pense pas que le combat se fasse toujours sur le terrain de l'implémentation des normes. Il y a d'autres enjeux : la 3D, le tactile, le navigateur en ligne, l'ergonomie, l'accessibilité, l'utilisattion des microdonnées, etc.
Vu que les sites web sont de plus en plus des applications web, le navigateur va de plus en plus de venir un Os et donc se faire de plus en plus discret.
La guerre des navigateurs a surtout pris ce sens là à cause de la sortie des brouillons des normes. Il est possible que la bataille se déplace lorsque ce ne sera plus une nouveauté.
3. L'intégrateur un métier jeune
Le métier d'intégrateur est jeune et ne dispose pas encore d'outils complètement adaptés et assez performants. Je pense que les outils vont permettent aux intégrateurs d'industrialiser et de se soucier de moins en moins des problèmes de compatibilité navigateur, qui est le réel problème aujourd'hui.
D'autres défis arriveront, peut-être l'hologramisation des sites web ? Et d'autres outils apparaîtront pour y répondre. Entre les 2 la valeur d'un intégrateur se mesurera à son aptitude à faire sans.
4. Conclusion : Qu'est-ce que l'intégrateur de demain ?
Il y a quelques années, le métier d'intégrateur web n'existait pas et le développeur s'occupait de tout : back-end, middle, front, intégration. Avec la complexification on a du découper et spécifier.
De même je pense qu'en 2017, il n'y aura plus un métier d'intégrateur, mais des métiers. Pour qu'un site soit visible sur toutes les plateformes il devra être intégré par un intégrateur web dynamique, un intégrateur web mobile, un intégrateur 3D, un intégrateur pour écran polynomiale, un intégrateur holographique, etc.
Qu'en penses-tu ?
Bon week-end à toi,
Thomas.